Tous les articles

« Le RGPD s’apprête à bouleverser le modèle économique des entreprises et la place de l’individu au sein de l’économie marchande »

Interview
January 9, 2018
Image par Freepik

Dans le cadre de son dossier de veille sur la sécurité des données, le pôle de compétitivité et de transformation numérique Cap Digital est allé interrogé plusieurs experts et chercheurs, dont Emilie Thebault, pour connaitre leurs positions sur cet enjeux qui sera au centre de l’actualité en 2018, avec l’entrée en vigueur du RGPD en mai 2018. Extraits.

« J’ai fondé SerendpTech il y a un an sur un constat : nous entrons dans une nouvelle ère de la protection des données personnes, avec le Règlement européen sur la protection des données comme tournant. Cette nouvelle réglementation, qui entre en vigueur en mai 2018, répond à des attentes fortes de la part des citoyens qui aspirent à plus de sécurité des données, de transparence et de confiance. Mais le RGPD s’apprête dans le même temps à bouleverser définitivement le modèle économique des entreprises et plus largement, la place de l’individu au sein de l’économie marchande.

Je tire cette conviction de mon parcours, qui m’a permis de développer une expertise forte sur les enjeux de sécurisation des titres d’identité à l’Agence Nationale des titres sécurisés (ANTS). J’étais notamment en charge de la simplification du processus de délivrance des titres de séjours, visas et titres de circulation; j’ai aussi participé à la mise en œuvre de l’activité biométrique dans le respect du Règlement européen (infrastructure réseau, sécurité, titre, biométrie). Après un diplôme de Sciences Po, je ne m’attendais pas à un tel destin !

Aujourd’hui, en tant que CEO de SerendpTech, je m’assure que nos solutions technologiques puissent offrir aux entreprises des solutions numériques à la fois répondant à leurs nouvelles obligations réglementaires, assurant un niveau maximal de protection des données personnelles, et remettant de la confiance au cœur de l’économie. »

(…)

A 6 mois de l’entrée en vigueur du RGPD, la grande majorité des entreprises ne sont toujours pas en conformité vis-à-vis du règlement. Et à quelques semaines de l’arrivée de la DSP2 en janvier, beaucoup d’entre elles ignorent encore leurs obligations de recourir à l’authentification forte (double authentification) pour les paiements à distance.

Aujourd’hui, nous faisons beaucoup de pédagogie et de sensibilisation auprès des entreprises pour les préparer à ces changements et leur faire comprendre que le principe du consentement des données introduit par le RGPD représente une belle opportunité à plus d’un titre. En termes d’image, cela permet de lutter contre le fléau de l’usurpation d’identité en protégeant l’anonymat des données, le pouvoir d’achat et donc la confiance des consommateurs. Sync’ID permet aussi de procéder à la vérification de l’identité d’une « identification forte », en premier lieu pour les transactions à forte valeur ajoutée (par exemple lors de la vente d’une voiture d’occasion en ligne ou l’ouverture d’un compte en banque). En termes d’offre, le nouveau principe de « privacy by defaut » introduit par le RGPD oblige les entreprises à demander l’autorisation à l’utilisateur pour la récolte de chacune de ses données, ce qui alourdit l’expérience utilisateur. En stockant les données sur le smartphone de l’utilisateur, notre solution permet aux entreprises de s’affranchir de cette contrainte et d’améliorer l’expérience client.

(…)

Nous savons qu’il n’y aura pas de retour en arrière sur le digital. Le marché des données s’est organisé jusqu’à maintenant sans cadre ou presque, faisant la part belle à l’opacité, aux inégalités, à des lacunes graves en matière de protection des données. Certains consommateurs le savent et revendiquent leurs droits en matière de protection et d’anonymat des données. D’autres sont prêts à autoriser l’utilisation de leurs données personnelles, aujourd’hui gratuitement, et demain, probablement moyennant une certaine somme d’argent. La question de la valeur de nos données pose aussi celle de la redistribution d’une telle valeur : à qui cela doit profiter ? Doit-on ou peut-on en faire un instrument pour une société meilleure, plus inclusive, plus solidaire ?

Lire l’intégralité de l’interview à cette adresse